Après avoir trouvé le cœur d’Astorpia sans sa sœur autour,
Gorgonn se montra inconsolable. Il avait perdu en même temps les deux êtres
qu’il aimait le plus au monde.
Et tous les gens qu’il avait connus, tous ceux qu’il avait
touchés de sa sensibilité, de sa douceur, tous ceux qu’il avait secouru d’un
tentacule léger, l’air de rien, comme regardant le ciel en même temps, tous
ceux-là sentaient en eux leur âme se serrer, le ciel s’alourdir, la vie devenir
grise, dure et froide.
Et c’est autant pour alléger leur peine, conjurer le sort
que pour venir en aide à leur ami qu’ils décidèrent de lancer une souscription
afin d’édifier autour du cœur d’Astorpia, à la place de sa petite maison faite
de bric et de broc, qui seule sur la butte Monmartre dominait Paris, à cet
endroit même où chaque soir les deux
amants constellaient de leurs rires et de leurs chicaneries le firmament
parisien.
Gorgonn fut touché.
Jamais il ne s’était douté de l’affection qu’on lui portait.
Mais il ne luisait
plus comme avant. Il avait conservé son
humeur affable, son humour doux et tranquille, mais il avait perdu quelque
chose. Comme si sa transparence était devenue vacance. Un vide.
Sa voix elle-même avait comme un écho, un écho lointain,
celui d’un temps où les siens l’entouraient et le rendaient plus vivant
qu’aujourd’hui.
Cependant, les inconnus qui par curiosité pénétraient cet étrange édifice étaient irrémédiablement attirés par la lumière qui brillait sur l’autel.
De plus près ils pouvaient voir le cœur, sa forme élégante, et s’ils s’approchaient suffisamment, le coupant en deux, une strie presque imperceptible, traçant un fil d’or, qui en montrait la brisure.
Mais en sortant, ils n’étaient pas triste. Ils avaient vu la beauté. Ce qu’elle a d’exaltant comme ce qu’elle a de tragique. Ils étaient changés, et sortaient du Sacré cœur conscients que la vie était plus profonde, plus triste, mais surtout plus belle qu’ils ne l’avaient jamais imaginée.
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Pourquoi il est pas dans le livre celui la ? il est magnifique !
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