mardi 18 septembre 2012

Philémond Résimond Octave Ursule Symphorien Thiburce de Mare-Ciel (dit Proust)



Philémond  Résimond Octave Ursule Symphorien Thiburce de Mare-Ciel (dit Proust)  naquit lors de la Commune de Paris.
Issue de la grande famille des Zannélides, sa branche, dite des  Hedistes polychètes à moustaches possède normalement une reproduction bisexuée, même si aucun dimorphisme sexuel n’est apparent. Leurs corps sont souvent recouverts de soies, et c’est d’ailleurs le titre d’un de ses romans, du côté de chez Soie
Il ne dut sa survie qu’à sa décision d’éclore avant que la populace affamée ne fit de son œuf ainsi que de ceux de ses frères et sœurs une omelette vengeresse. Ce traumatisme primordial eut des conséquences irrémédiables sur la santé mentale et physique du petit Philémond Résimond Oc.. Proust, qui ne suivit ses études, tout comme la vie, que d’assez loin, et de sa chambre, ou des salons cosys dans lesquels sa douceur placide enrobant un humour acide le faisaient inviter avec empressement, afin qu’il puisse, comme le piment doux, relever le ton de la conversation sans pour autant la rendre indigeste. Malgré cette vie mondaine qui le fit passer pour snob, il ne put jamais tout à fait se remettre de cette entrée terrible dans la vie, et sa tendance naturelle, après quelque événement que ce fut, heureux ou malheureux, était de retourner dans sa coquille. D’aucun le prétendirent fêlé, et arguèrent de son amour du chiffre neuf pour mettre en avant un déséquilibre profond.
Nanti plus que de raison, il put ne jamais travailler, et passait le plus beau de ses jours à vivre la nuit, et l’ennui . Passionné d’arts et de littérature, il rédigea de nombreuses  critiques, et fit connaître Chipasso,le poète Grogonn Zola, Claire Mantis entre autres exemples célèbres.  En revanche, quand il eût s’agit de faire connaître sa propre prose, il fut malheureusement peu couronné de succès.
Mêmes ses thuriféraires devaient admettre que ses phrases lui ressemblaient, construites comme une succession d’anneaux concentriques construisant mot à mot un spleen sans fin. Cependant elles distillaient une telle sensibilité qu’on put présenter son style comme une nostalgie du présent, tant y sont intriqués tous les sentiments et pensées qui à un instant nous habitent, lorsque la passion nous submerge, et que la connaissance que nous avons de la vie et des ses conséquences nous en peint déjà la fin et qu’alors que la joie nous emporte, l’angoisse nous étreint car ce bonheur inouï porte en lui son délitement inéluctable, sa dissolution dans l’oubli, le nôtre ou celui des autres.
Ce fut cette angoisse de l’oubli qui le fit tant se passionner pour la mémoire, qui comme lui, retravaille sans cesse les souvenirs, élaborant d’autres facettes à mesures que d’autres fils nouant d’autres connexions, s’ajoutent et s’entrelacent pour faire d’une anecdote un acte fondateur, ou une masse diffuse qui ne veut plus rien dire.
Malgré cela, notre cher Mare-Ciel décidait de vivre, ou survivre, vivre seul et malheureux, vivre seul ou même à deux.  Peu avant de mourir, il écrivait : Et dussè-je, maintenant que j'étais souffrant et que je ne sortais pas seul, ne jamais pouvoir faire l'amour avec elles, j'étais tout de même heureux comme un oisillon né en cage ou dans une couveuse et qui, ayant cru longtemps que l'organisme des Hédistes polychètes à moustaches ne peut digérer que du pain sec et des médicaments, a appris tout d'un coup que les pêches, les abricots, le raisin, ne sont pas une simple parure de la campagne, mais des aliments délicieux et assimilables. Même si son geôlier ou son oiseleur ne lui permettent pas de cueillir ces beaux fruits, le monde cependant lui paraît meilleur et l'existence plus clémente. Car un désir nous semble plus beau, nous nous appuyons à lui avec plus de confiance quand nous savons qu'en dehors de nous la réalité s'y conforme, même si pour nous il n'est pas réalisable. Et nous pensons avec plus de joie à une vie où - à condition que nous écartions pour un instant de notre pensée le petit obstacle accidentel et particulier qui nous empêche personnellement et sans doute provisoirement de le faire, - nous pouvons nous imaginer l'assouvissant. Pour les belles jeunes oiselles qui passaient, du jour où j'avais su que leurs becs  pouvaient être embrassés, j'étais devenu curieux de leur chant. Et l'univers m'avait paru plus intéressant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire